Le 17 octobre 2024, l’ONG environnementale ClientEarth a déposé une plainte auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) en France contre le géant de la gestion d’actifs BlackRock. L’accusation repose sur la présentation de certains fonds d’investissement de BlackRock comme étant « verts » ou « durables », alors qu’ils incluent des actifs d’entreprises du secteur des énergies fossiles. Cette action s’appuie sur une étude de l’ONG Reclaim Finance, publiée en mars, qui révèle que 18 fonds gérés et commercialisés en France par BlackRock possèdent des participations dans des sociétés comme ExxonMobil, Shell, TotalEnergies, Chevron, et BP, représentant jusqu’à 27 % de certains fonds.
D’après ClientEarth, cette pratique induit en erreur les investisseurs en leur promettant un impact environnemental positif qui serait, en réalité, partiellement fictif. Alex Bennett, avocate de ClientEarth, affirme que ces fonds créent une concurrence déloyale en détournant des flux financiers vers des produits qui ne répondent pas pleinement aux critères de durabilité, ce qui nuit aux fonds véritablement respectueux de l’environnement. L’ONG appelle l’AMF à mener une enquête approfondie et à exiger que BlackRock apporte plus de transparence sur la composition de ses fonds dits « durables ».
De son côté, BlackRock conteste fermement les allégations et assure que ses fonds respectent les objectifs d’investissement spécifiés dans leurs prospectus et sur leur site web. L’entreprise affirme également se conformer aux réglementations internationales en matière d’investissement durable.
Contexte : Un Secteur Sous Surveillance
Depuis l’accord de Paris sur le climat, les fonds d’investissement étiquetés « verts » se sont multipliés, et de nombreux investisseurs se tournent vers ces produits pour contribuer positivement à l’environnement. Cependant, des rapports successifs montrent que l’ambition environnementale de certains de ces fonds est souvent en deçà des promesses faites aux investisseurs. Par exemple, le règlement européen SFDR, entré en vigueur en 2021, vise à structurer les fonds en fonction de leur impact environnemental et social. Toutefois, en l’absence de critères stricts pour la définition des fonds « durables », certaines institutions financières continuent d’intégrer des actifs fossiles dans leurs portefeuilles « verts ».
Les régulateurs, tant en France qu’au niveau européen, cherchent désormais à renforcer les critères d’appellation des fonds pour éviter les dérives de greenwashing, mais des efforts supplémentaires sont encore nécessaires pour clarifier ce qui est réellement durable.
L’affaire BlackRock souligne les défis persistants dans le domaine des investissements durables. Pour les investisseurs soucieux de l’impact de leurs choix, cet événement montre l’importance d’un examen rigoureux des fonds « verts ». Il est essentiel de ne pas se fier uniquement à la dénomination « durable » ou « vert » et de se pencher sur la composition réelle du fonds. L’affaire pourrait également influencer le comportement des grandes institutions financières, en les incitant à une transparence accrue dans la gestion de leurs produits.
Avant d’investir dans un fonds durable, il est prudent d’examiner en détail la liste des actifs qui le composent et de privilégier des fonds répondant aux normes strictes du SFDR ou dotés de labels reconnus en matière de durabilité. Ce niveau de vigilance pourrait protéger les investisseurs contre le risque de greenwashing et les orienter vers des placements qui reflètent réellement leurs valeurs environnementales.
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